L’histoire d’une vie, l’histoire d’une mort. Je suis née seule. Ma mère m’a abandonné à ma naissance pour me laisser auprès d’un couple qui aurait pu me rendre heureuse. Ils m’ont rendu heureuse. J’étais la bienvenue parmi cette famille qui ne pouvait plus avoir d’enfant. Ils avaient déjà un fils, William. Je me suis toujours très bien entendue avec lui. Il a toujours tout fait pour me protéger, j’étais sa petite sœur, sa protégée. Le premier qui me touchait avait à faire à lui. Il ne fallait ni me blesser, ni me faire pleurer, ni même tenter de me draguer, ce dernier point c’était plus pour le lycée. J’ai appris à jouer du piano, du violon et de la guitare. J’adorais la musique, j’adorais aussi chanter, c’était deux passe temps. Oui, j’étais bien dans cette famille, heureuse et pleine de vie. Ma vie était simple. Jusqu’à ce qu’il a débarqué dans ma vie …

Il est vrai que je ne raconte rien sur ça : ma vie. En même temps, à part celle que j’ai menée avec le père de mes enfants. Mes passes temps sont devenus mes passions. Passions qui m’ont fait rencontrer Jason, le père d’Andrew et de Juliette. Nous nous sommes aimés avec passion … trop avec passion. Je suis partie à 17 ans du cocon familial pour faire le tour du pays. Je donnais de temps en temps des nouvelles quand je le pouvais. William devenait fou, il n’aimait pas du tout Jason et pourtant, il me laissait faire ma vie. Jay’ avait 21 ans, pendant 1 an, nous avons arpenté les villes avant de revenir à Boston, mon lieu de naissance. Nous nous sommes pris un appartement et j’ai commencé les petits jobs, pendant que lui, s’est laissé endoctriner dans un gang de mafieux. Je voulais rester dans ma routine de jeune fille bien tranquille. Pendant deux ans, je cumulais les petits boulots, faisais tourner mes passions et chanter de temps en temps dans des petits bars. J’aurais même pu accepter un contrat, si Andrew n’avait pas pointé le bout de son nez. En voyant mon ventre rond, le producteur m’a clairement dit que si j’avortais, il me prenait dans son équipe. J’ai refusé. Je ne voulais pas tuer un pauvre innocent pour ma carrière, je m’en serais voulue. J’ai obtenu un boulot honnête dans une petite boutique de musique et j’ai continué mes petits concerts dans les bars. Je me suis mariée à 21 ans ave Jason qui continuait ses trafics. Nous étions toujours aussi modestes, Jason faisait n’importe quoi avec l’argent, les perdant dans la drogue ou les jeux de hasards. Il a cependant arrêté les frais quand il a failli se faire tuer. Enfin, ça a duré seulement deux petites années jusqu’à ce que je tombe enceinte de Juliette. Après sa naissance, notre couple commençait à battre de l’aile, mais il tenait quand même bon. Jason continuait ses frasques hallucinantes, j’ai tenu bon, je ne voulais pas le suivre dans sa décadence, malgré la perte de mon emploi, quand la boutique de livre a mit la clé sous la porte. J’ai réussi à trouvé un autre job, dans un petit café. J’essayais sincèrement de rester pied à terre. Sauf que j’ai commencé à fumer des joints pour me sentir moins stressée. Je me suis laissée entraînée dans ce cercle vicieux et sans fin contre mon gré. Mais il fallait que je tienne bon. L’avantage dans notre couple, c’est que nos enfants ont toujours eu ce qu’ils voulaient et aussi, avaient toujours eu ce dont ils avaient besoins : et surtout de l’amour. Nous étions un couple trop passionnel et amoureux, des parents avec des défauts, mais des parents qui feraient tout pour le bonheur de leurs enfants. Sauf que le temps passait, Jason devenait de plus en plus impulsif, ça devenait très dur, si dur que j’ai commencé à sombrer dans l’alcool, laissant parfois mes enfants à mes parents pour ne pas qu’ils voient la décadence à la maison. C’est après un coma éthylique qui a failli me coûter la vie que je me suis arrêtée dans l’alcool. Jason culpabilisait de me rendre si malade, nous avons décidé de divorcer et que j’ai la garde de nos enfants. Vous savez, de mes 21 ans à mes 26 ans, beaucoup de choses sont passées … et alors que tout aurait dû aller mieux, je suis tombée gravement malade …
Cancer du foie. C’est après bon nombre de vomissements, de malaises et de perte d’appétit, que j’ai été acceptée à l’hôpital après une jaunisse. Le diagnostic est tombé. Et puis, ma maladie s’est tellement propagée que personne ne pouvait faire quoi que se soit. C’était aussi dû aux bons nombres de disputes que j’avais avec mon frère et mes parents qui s’inquiétaient pour moi. J’avais souvent très mal au ventre. Malgré le divorce, malgré cette séparation qui aurait dû m’être bénéfique, j’ai sombré dans mes limbes. J’ai demandé à ce que mon frère William s’occupe de mes deux enfants qui pleuraient sur mon chevet. Je ne voulais pas les quitter, mais mon corps ne me supportait plus. Et puis … je me suis effacée de ce monde.

A ma mort, j’ai toujours cru que j’allais arrivée dans un endroit paisible, hors ce n’est pas le cas. Je me suis réveillée dans un endroit assez sombre. Mon corps n’avait plus rien. Mais j’ai atterrie dans un monde différent de ce qui était de mon vivant. Un monde froid et sans pitié. Ainsi, c’est là que toutes les âmes vont après leurs morts ? Vais-je m’en sortir ? Je ne sais pas. Beaucoup ne se souviennent plus de leur vie antérieure, mais je m’y accroche, je m’accroche aux souvenirs de mes enfants en espérant qu’ils ne se perdent pas au fil du temps