« J’avais tout pour être heureuse. Vraiment tout. Une famille, un copain merveilleux, des amis en or, de quoi manger et vivre dignement. J’étais même heureuse. Vraiment, entièrement. Je n’avais jamais connu le désespoir, la maladie, la mort. Non, jamais. La mort. Quel mot étrange quand on y pense. Mourir. Ne plus exister, ne plus respirer. Juste cesser d’être présent. Ce soir là, c’était bien la dernière chose à laquelle je pensais. Pour moi, il n’y avait que le bal de promo. Ce bal, ce magnifique bal qui m’attendait moi. En route pour cet évènement que je ne devrais jamais oublier, j’ai perdu. Tout. Jusqu’au moindre centime. J’avais tout pour être heureuse. Aujourd’hui, je ne suis plus qu’une âme en peine, dans les profondeurs de l’enfer.

« Vie de vagabond, d’âme en péril, de tueur macabre car cette vie, cette bonne vieille vie l’avait choisi. A ma place. Vous savez, moi, je voulais devenir médecin. Mais notre destin est écrit d’avance. Nos choix n’y changent rien. Qui aurait cru que je me serais retrouvé à courir les pays pour sauver ma peau ? Peau qui au final ne valait pas beaucoup. Avec le temps, j’ai fini par en avoir marre. Marre de ce jeux de cache cache perpétuel avec ceux qui voulaient ma mort. Alors j’ai sauté. De très haut. J’espère qu’ici bas, j’arriverai à racheter mes peines.

Ici bas, l’enfer est devenu un mot bien ironique. C’est un peu le Bronx du monde souterrain. Les personnes essayent vainement de retrouver un semblant de vie. Certains y arrivent, d’autres ont abandonné toute forme d’humanité, et espèrent oublier que l’éternité n’est pas une blague. Pêchés, trahisons, richesses, tout est oublié. Seule leur apparence humaine reste pareille. Survivre n’est plus le mot d’ordre. On passe le temps. Marchant dans les allées fleuries des Champs Elysées, cherchant à reconnaître un visage dont on avait oublié l’existence. Tout est bon comme prétexte. La vie, la mort, tout se mélange. Tout s’assemble et se ressemble. Bienvenue en Enfer.