Ah la vie, joyeux morceau qu'ils croquaient à pleine dent, pour le meilleur comme pour le pire. Ils avaient des vies dignes des plus grands films où bonheur et joie étaient de l'ordre. Aristocrates renommés, médecins de grande envergure, chanteuse aimée de tous, ils avaient tout pour être heureux. Et ils l'étaient. Les petits soucis de la vie n'étaient rien comparé au bonheur dans lequel ils nageaient. Pour rien au monde ils n'auraient échangé leur place. Mais la mort nous rattrape bien vite. Trop vite. Mais pourquoi craindre pareille étape si de leur vivant, ils ne connaissaient pas le mot pêché ? C'est ainsi qu'ils l'ont accueilli, la mort, à bras ouvert. Ici, aucuns n'a choisi de mourir, loin d'eux l'idée de suicide. Après la découverte qu'un autre monde s'étendait sous leur pieds lorsque leur âme s'éteignit, ils se sont jurés de recommencer le bien. De poursuivre leurs rêves, d'être aussi bons qu'avant. Et ils le sont. Tellement. Les Champs Elysées sont leur domaine. Les gens les respectent, ou pas. Ils veulent vivre par tous les moyens une deuxième vie, une première mort, tranquille, sereine, et aimante.

Pour eux, la vie, c'était synonyme d'actions, de vagabondage, d'escrime, de terreur, de courses, de poings, de crimes, de vol, de prostitutions, de drogue. Pas une seule seconde ils ne se reposaient. Plus ils bougeaient, mieux ils étaient. Pour eux, la vie était un pêché. Le pêché originel comme certains aimaient le dire. Les gens les craignent, eux, les marionnettes de Satan. Souvent, leur mort a été fait d'une balle. En pleine tête, en plein coeur. Malheureusement, le rédemption, ce n'était pas pour eux. Ici bas, ils continuent de semer la terreur, et le pire dans tout ça, c'est qu'ils aiment ça. Faire peur, terrifier leur congénères, rire à leur dépend, trouver les plus belles femmes ou les plus beaux mâles pour les rendre esclaves de leur soif de pouvoir sans fin. Pour eux, la mort n'est qu'une suite à votre vie de pécheur. La plupart passe son temps dans les alentours du Tartare. Frôlant les flammes des enfers. Enfers. Ce nom a sans doute été inventé pour eux. Fils de Satan. Bad boys et méchantes filles.

A l'instar des deux autre, ceux-ci n'ont jamais aimé la vie qu'ils menaient autrefois. Banquier ayant toujours rêvé d'être un artiste, caissière qui ne rêvait que sauver la vie des gens, il y en a pour tous les goûts, tous différents mais au point commun d'une vie merdique. Quelle ironie que cela soit à leur mort qu'ils aient eu la possibilité de changer totalement. Cette mort tant crainte de tous, est pour eux la délivrance ultime. Ils sont heureux, car pour ces gens-là, ça signifie avoir une seconde chance, pouvoir recommencer à zéro, tout refaire. Ils errent un peu partout, à la recherche de l'étincelle qui fera chavirer leur coeur mort. Pour beaucoup d'entre eux, ils ont accueilli la mort après s'être suicidé. Ne voulant plus de leur vie d'antan, trop fade, trop triste, trop banale. En enfers, ils n'ont pas vraiment de lieux d'attaches. Essayant un peu tous les endroits possibles.

Et finalement, ces personnes-ci n'ont strictement aucuns souvenirs de leur vivant. La mort est pour eux comme une deuxième naissance. Ils ne se souviennent de rien. Vraiment rien. Ayant oublié leur vie volontairement, ou tout simplement leur cerveau a fait amnésie total de toute leur vie passée. Certains ont même bu l'eau du Styx à leur arrivé. Bref, leur mort ne date pas d'hier, et souvent ils sont morts depuis plusieurs décennies. Le pré d'Asphodèle est leur lieu de prédilection. Les enfers est pour eux leur maison. Ils s'y sentent bien. Etant donné que c'est la seule chose qu'ils ont connu, dont ils se rappellent. Comme si ils étaient nés ainsi, sans jamais avoir changé physiquement.